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mounir fatmi

28.09.12 - 21.10.12
Exposition — les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse

mounir fatmi

Les Temps Modernes, une Histoire de la Machine, projection (2009-2010)

Courtoisie de l'artiste et de la Galerie Hussenot, Paris
Crédit photo: Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

mounir fatmi
Technologia, installation vidéo (2010)
Courtoisie de l'artiste et de la Galerie Hussenot, Paris
Crédit photo : Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

mounir fatmi

Les Temps Modernes, une Histoire de la Machine, projection (2009-2010)

Courtoisie de l'artiste et de la Galerie Hussenot, Paris
Crédit photo: Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

mounir fatmi
Technologia, vidéo installation (2010)
Courtoisie de l'artiste et de la Galerie Hussenot, Paris

mounir fatmi
L'Homme sans cheval, mouvement 3, vidéo (2004-2005)
Courtoisie de l'artiste et Galerie Hussenot, Paris
Crédits photo: mounir fatmi

mounir fatmi
L'Homme sans cheval, mouvement 3, vidéo (2004-2005)
Courtoisie de l'artiste et Galerie Hussenot, Paris
Crédits photo: mounir fatmi

Né en 1970 à Tanger (Maroc), il vit et travaille à Paris.

 

Mounir Fatmi est l’un des artistes les plus important d’Afrique du Nord, et l’un des plus engagés dans le questionnement de l’hybridation culturelle, définie comme une valeur absolue de notre temps. L’œuvre de Mounir Fatmi prend des formes multiples (installation, vidéo, écriture, dessin, peinture murale…). Elle traite de la déconstruction des dogmes et des idéologies, de la désacralisation aussi, dans une approche poétique et politique. fatmi (qui rejette, pour l’orthographie de son nom, les majuscules, assimilant par là même son identité à celle, dévitalisée, d’un objet) s’intéresse ainsi à l’histoire des Black Panthers comme il s’intéresse aux humains qui sortent de l'Histoire avec le temps, pour autant qu'ils y soient jamais entrés. Ces destinées individuelles irriguent la pièce Sortir de l'Histoire (2006), qui parle avec insistance de la double nécessité de la mémoire et de la distance.

 

Présentée à Toulouse dans la halle du musée des Abattoirs, la vidéo L’Homme sans cheval (3) « s’offre comme une réflexion globale sur la condition précaire d’une humanité mise en danger par ses destinées sans finalité » (Marie Deparis). Un homme en tenue de cavalier apparaît en haut d’un chemin et se met à donner rageusement des coups de pied dans un livre, qu’il repousse devant lui au rythme de sa marche. On distingue à un moment le titre de ce livre : Histoire. Mais quelle Histoire ce cavalier entend-il bousculer ou détruire ? Est-ce là la métaphore de la « fin de l’histoire » tant glosée ces deux dernières décennies dans le sillage de l’effondrement du système des Blocs ? Dans ce geste consistant à détruire un livre semble s’affirmer, suggère encore Marie Deparis, le refus d’une Histoire comme « justification ». Mais la question de savoir si la résistance à l’Histoire, voire le refus de celle-ci ouvre d’autres chemins reste élusive. À la fin de la vidéo, le cavalier tombe lui-même dans la boue, perdant jusqu’à sa propre verticalité. « L’homme est le seul héros de sa propre histoire », comme le postule Mounir Fatmi au tomber de rideau de cette pièce.

 

Dans le cas de mounir fatmi, la question de son histoire personnelle et celle de peuples entiers semble indissociable. En attestent les souvenirs d'enfance de l’artiste, révélés dans Non et prénom (Lettres à un jeune Marocain). La mère de l’artiste lui dit un jour cette phrase qu’il n’a plus jamais oubliée : « Celui qui porte les habits des autres est nu » ; « c’était exactement cela que j’avais ressenti en classe. J’étais nu devant tout le monde. Ce jour-là, j’ai décidé que si je devais être puni, au moins ce serait pour mes propres fautes. J’ai décidé de dessiner et d’écrire ma propre histoire. J’ai décidé d’avoir ma propre pensée, pour ne plus jamais me retrouver nu. » Tout comme le cavalier de L’Homme sans Cheval, nu dans sa solitude, refuse la pensée des autres.

 

Pour Fatmi, recomposer le monde est une hygiène morale, ce que donne à voir de façon spectaculaire le long du grand mur de l’Hôtel Dieu surplombant la Garonne, Les Temps Modernes, une Histoire de la Machine. Cette vaste projection publique mélange Rotoreliefs de Duchamp et rouages de la machine des Temps modernes de Charlie Chaplin avec la forme elliptique de calligraphies arabes, le tout entraîné dans un irrépressible tourbillon finissant sa course, en s’y engloutissant, dans la Garonne.