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Emilie Ding

17.09.21 - 17.10.21
Espace public — isdaT — institut supérieur des arts et du design de Toulouse

Interview avec Emilie Ding

emilie ding, cito longe tarde, installation lumineuse et sonore pour le printemps de septembre 2021

 

© le printemps de septembre 

photo : damien aspe

Création sonore : Natalja Romine aka Yanling

Au départ, un contexte, comme souvent dans le travail d'Emilie Ding. Contexte qu'elle scrute, commente et dont elle retourne, comme on le ferait d'un gant, les aspects qui grincent, grippent. Que ce soit dans l'espace muséal par ses sculptures monumentales ou lors de ses interventions in situ, il s'agit pour elle de porter un regard oblique, de relire le lieu, ses fonctions ou son architecture.

 

À l'examen du contexte pandémique que nous traversons, elle en retient la formule hippocratique Cito, Longe, Tarde – pars vite, loin et reviens tard. Fameuse maxime remise au goût du jour en son temps par Auger Ferrier, médecin et savant toulousain, dans son ouvrage Remèdes préservatifs et curatifs de peste publié en 1558. La peur, la peste, la fuite.

 

La dispersion, l'interdiction. Par un jeu d'inversion, Emilie Ding tord et transforme la maxime en un « arrive tôt, reste longtemps, repars tard ». Une invite à la fête comme espace de résistance, fête bannie, reléguée au rang des activités proscrites car considérées dangereuses. Fêtes qui, on le sait, qu'elles soient spontanées ou policées, intempestives, régulées ou commercialisées, sont aussi le lieu des possibles, construisent des communautés labiles, incontrôlables et transgressives parfois, engageant le mouvement des corps, le lâcher prise.

 

Ainsi rien de mieux choisi qu'une école dédiée à la jeunesse – l’isdaT, désormais ornée de la maxime – pour rappeler la contrainte infligée à cet espace de liberté. Signalant l'interdit comme la frustration, inaccessible comme un mirage, il se devine sur la façade du bâtiment une fête fantomatique, avec ses jeux de lumière colorés et cadencés. Alors qu'ailleurs dans la ville, comme un épanchement viral en émanant, un affichage sauvage signale des lieux de fêtes longtemps rendus inaccessibles, car fermés.

 

Interview avec Emilie Ding : voir la vidéo

 

Avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture

Née en 1981 à Fribourg (Suisse), Emilie Ding vit et travaille à Berlin. Diplômée en 2008 de la HEAD – Genève, elle est lauréate de plusieurs prix dont le Swiss Art Awards ou le Prix Grolsch. Ses oeuvres sont exposées à travers l’Europe et notamment à Kanal Centre Pompidou (Bruxelles, 2020-2021), au Mamco (Genève, 2015) ou encore au Palais de Tokyo (Paris, 2014).