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Jean-Yves Jouannais

Encyclopédie des guerres, dispositif d’exposition : Comment se faire raconter les guerres par un grand-père mort ?
28.09.12 - 21.10.12
Exposition — les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse

Jean-Yves Jouannais
Encyclopédie des guerres, dispositif d’exposition : Comment se faire raconter les guerres par un grand-père mort (2012)

Crédit photo : Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

Courtoisie de l’artiste et Galerie Vallois, Paris

Jean-Yves Jouannais
Encyclopédie des guerres, dispositif d’exposition : Comment se faire raconter les guerres par un grand-père mort (2012)
Courtoisie de l’artiste et Galerie Vallois, Paris

Crédit photo : Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

Jean-Yves Jouannais
Encyclopédie des guerres, dispositif d’exposition : Comment se faire raconter les guerres par un grand-père mort (2012)
Courtoisie de l’artiste et Galerie Vallois, Paris

Crédit photo : Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

Jean-Yves Jouannais
Encyclopédie des guerres, dispositif d’exposition : Comment se faire raconter les guerres par un grand-père mort (2012)
Courtoisie de l’artiste et Galerie Vallois, Paris

Crédit photo : Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

Jean-Yves Jouannais
Encyclopédie des guerres, dispositif d’exposition : Comment se faire raconter les guerres par un grand-père mort (2012)
Courtoisie de l’artiste et Galerie Vallois, Paris

Crédit photo : Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

Né en 1964 en France, il vit et travaille à Paris. 

 

L’Histoire (de la guerre) est à lui !

 

Critique d’art, rédacteur en chef de la revue Art Press pendant neuf ans, l’un des co-fondateurs en 1995 de la Revue Perpendiculaire, commissaire d’expositions prestigieuses parmi lesquelles « L’Histoire de l’Infamie » à la Biennale de Venise en 1995, « Le Fou dédoublé. L’idiotie dans l’art du XXe siècle » à Moscou en 2000, « Lost in the Supermaket » à la Fondation Ricard en 2001 et « La Force de l’art 02 » au Grand Palais en avril 2009, Jean-Yves Jouannais est aussi écrivain : Artistes sans œuvres - I would prefer not to (Hazan, 1997) ; Des nains, des jardins, essais sur le kitsch pavillonnaire (Hazan, 1999) et surtout L'idiotie. Art. vie. politique - méthode (Beaux-arts Magazine livres, 2003), un ouvrage ayant connu un grand succès public.

 

Héritier de Georges Filliou et de Marcel Broodthaers (ces deux artistes, à un moment de leur vie, se demandent ce qu’ils pourraient bien faire de celle-ci), Jean-Yves Jouannais choisit en 2008 de se consacrer jusqu’à la mort à un unique projet : élaborer une Encyclopédie des Guerres dans le désordre alphabétique, par ajouts constants et allers et retours dans le temps de l’Histoire humaine (jusqu’en 1945). Il n’a pas connu la guerre ? Pis encore : il n’a pas combattu ? Peu importe, la connaissance est aussi affaire d’investigation, d’enquête, d’élaboration intellectuelle. Depuis lors, Jean-Yves Jouannais ne lit plus que des livres ayant trait à la guerre, échange progressivement sa bibliothèque d’érudit de l’art contre une littérature martiale toutes catégories confondues, passe ses jours et ses nuits avec Thucydide, Barbusse ou Remarque. Le voilà spécialiste ès armes tous calibres, ès guerres en tous genres, ès batailles tous terrains. Il ne voit plus que des films de guerre, « il pense guerre, travaille guerre, rêve guerre, mange guerre. » Bref, une immersion totale dans son sujet, sans demi-mesure.

 

« Cela s'appelle, en toute modestie, L'Encyclopédie des guerres », dit Jean-Yves Jouannais de son entreprise, qui évoque Littré mais aussi Bouvard et Pécuchet, les immortels héros encyclopédistes de Gustave Flaubert : « C'est un livre en train de s'écrire, et qui va s'écrire en public, sur scène ». Celle d’une salle au Centre Pompidou, en l’occurrence, ou ailleurs. Et de revenir à Bouvard et Pécuchet : « ces deux chercheurs de vérité s'adonnent successivement à des recherches sur la poésie, l'agronomie, la médecine, la géologie, la diététique, la religion, compulsant des milliers d'ouvrages et se livrant à autant d'expériences pour toujours, au final, recueillir l'incompréhension, être cueillis par l'échec. Étrangement, à aucun moment, les deux autodidactes de Flaubert ne plongent dans le champ de la guerre. (…) Je voulais écrire à ma manière ce chapitre absent, oublié par Flaubert. J'emprunte aux deux copistes de Flaubert leur technique et leur ridicule ambition. (…) J'aborde ce projet, collectionnant au fil de mes lectures, des bribes de phrases, des termes, des images, des légendes, des anecdotes, les réunissant en un impraticable et indéchiffrable cabinet de curiosités qui prend naturellement la forme d'une encyclopédie. Une impossible Encyclopédie des guerres, de L'Iliade à la Seconde Guerre mondiale. Je ne sais pas pourquoi la guerre, et encore moins pourquoi la guerre qui m'intéresse s'arrête en 1945. »

Encore que. Ce qui s’est arrêté en 1945 ? Entre autres, la vie du grand-père de Jean-Yves Jouannais. À Toulouse, l’artiste expose, comme en un rayonnage de bibliothèque, des murs de fiches de L'Encyclopédie des Guerres, sous cet intitulé qui s’éclaire dès lors de lui-même : « Comment se faire expliquer les guerres par un grand-père mort ? ». Un titre évidemment inspiré de celui de la performance de Joseph Beuys, « Comment expliquer l'art à un lièvre mort ? » Encyclopédisme mais aussi pédagogie, sur un mode loin d’être mineur, celui de l’érudition obsessionnelle.